F. El Omari Y.Benjelloun H.Aberchane S.Abdelmoula
Le conseil de la ville de Tanger n’a pas réussi mercredi 16 mars à célébrer la session du compte administratif, ajournée déjà une première fois le 28 février dernier, faute de quorum. Cette fois-ci, les choses ont pris un tournant beaucoup plus grave dès l’ouverture de la séance, lorsqu’un conseiller, Mohamed Bouattiya, a sorti une liasse de billets de banque, représentant selon lui la somme totale de 20000 dhs (2000 euros à peu prés), déclarant qu’elle lui a été remise par ses collègues du conseil, Abdedayem Bekkour UC, et le président de l’Arrondissement de Charf Souani Samir Berroho MP, pour boycotter l’assemblée du conseil. Samir Berroho, indigné, monte sur une table criant à l’offense dénonçant un complot pour l’envoyer en prison. Alors que le conseiller Belkhaidar menace de se suicider illico par pendaison à l’aide de sa cravate si une enquête n’est pas ouverte tout de suite… C’était donc plus que suffisant pour mettre le feu aux poudres et provoquer un remue-ménage jamais vu auparavant, au point d’entendre le président de l’Arrondissement de Tanger-Médina, membre de la deuxième Chambre, Youssef Benjelloun, et le député Mohamed Zemmouri, coordinateur régional de l’UC, s’accuser mutuellement d’être des trafiquants de drogue, ni plus ni moins ! Pendant ce temps, les conseillers islamistes du PJD répétaient le slogan « Achaab yorid, iskat arraiss » (Le peuple veut faire tomber le président) « Achaab yorid rahil al Assala » (Le peuple veut le départ du PAM) « Irhal, irhal irhal » (Dégage, dégage, dégage) « El Oumari M’chi Fhalek Tanjah machi dyalek » (El Oumari va t’en Tanger n’est pas à toi) ainsi que d’autres slogans évoquant le PAM, Fouad Ali Al Himma et Ilyass el Oumari, frère du maire de Tanger. L’ex maire démissionnaire, Samir Abdelmoula, démissionnaire également du parti de l’ami du roi était assis parmi les élus du PJD, même si à ce jour, le parti de Abdelilah Benkirane n’a pas encore accepté la sollicitude du rejeton du grand armateur, patron de la Comarit ferry, de rejoindre les rangs du parti islamiste.
Rappelons par ailleurs que, aussi bien Youssef Benjelloun qui a été expulsé du RNI suite aux désaccords qu’il a eus avec Mohamed Bouhriz, coordinateur régional du parti ; que Hamid Aberchane, membre de la deuxième Chambre lui aussi, et président du conseil préfectoral de Tanger Asilah, sont les principaux artisans du boycott des sessions de la commune urbaine de Tanger au profit du PJD. Selon les observateurs, l’enjeu pour le PJD est de faire de nouveau tomber le maire, quitte à voter pour Benjelloun ou Aberchane. Ce dernier selon une source bien informée serait même disposé à troquer son poste de président du conseil préfectoral contre celui de maire de la ville de Tanger. De nouveau donc, la session du compte administratif a été ajournée sine die, tandis que tout le monde s’interroge sur la décision que vont prendre le maire actuel, Fouad El Omari et le wali Mohamed Hassad. Demanderont-t-ils l’ouverture d’une enquête après les graves accusations publiques entendues?