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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 13:11

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Le site Islamonline a interviewé M. Fathallah Arsalan, porte-parole d’Al Adl Wal Ihsane, sur plusieurs sujets d’actualité, dont voici le texte intégral :

Le Mouvement Al Adl Wal Ihsane est parmi les mouvements qui réagissent aux révolutions, soulèvements et protestations que vit actuellement le monde arabo-musulman. Quelle est votre lecture de la situation actuelle dans les pays qui se sont débarrassés de leurs dictatures ?

Ce qui se passe actuellement est une conséquence naturelle des faits qui ont été au fondement même des régimes arabes. On ne peut concevoir un autre résultat que celui que nous vivons maintenant. Ces pouvoirs ayant failli à leurs promesses d’apporter la démocratie et la justice, la pression générée par le despotisme est devenue telle que l’explosion actuelle des peuples était inéluctable. La Tunisie et l’Egypte se sont débarrassées de deux parmi les plus grandes figures du despotisme, mais ses partisans résistent encore à la révolution des deux peuples, avec tout ce qui leur reste d’énergie, de pouvoir, d’argent et de perfidie.

Les leçons de l’Egypte et de la Tunisie nous apprennent que le renversement de la tête de la tyrannie n’est, en fait, que la première phase d’une longue et pénible marche qui ne pourra se prémunir contre le jeu de la perfidie interne et celui des intérêts externes. Aussi toutes les composantes doivent-elles s’unir, avoir une vision claire du processus de changement, de son horizon comme de ses obstacles et qu’elles fassent de l’intérêt du peuple l’élément déterminant de leurs choix.

A votre avis, quel rôle pourraient jouer les islamistes dans des pays comme la Tunisie, l’Egypte et la Syrie, etc. de telle manière à ne pas s’exclure, ni à exclure les autres composantes politiques ?

Plus personne ne doute du rôle des islamistes dans le changement, ceux-ci étant devenus une équation incontournable. Je ne crois pas qu’ils s’excluent du rôle qu’ils ont d’assumer la responsabilité du changement et de payer le tribut de pouvoir exister sur le terrain. Je crois aussi que les élites politiques actives, dont les islamistes, sont devenues assez mûres pour avoir la conviction que personne ne peut plus prétendre seul au changement.

Les révoltes arabes actuelles … sonnent-elles le glas du pouvoir despotique ?

La fin du pouvoir despotique est une « fatalité historique » constatée tout au long de l’histoire de l’humanité qui nous apprend que les iniques sont condamnés à disparaitre, aussi long que soit leur règne. En atteste la chute des deux potentats d’Egypte et de Tunisie.

C’est aussi une « fatalité réaliste », partant de la faillite politique des régimes en place, qui les a jetés dans les abîmes du démantèlement tout proche. C’est enfin « une prédiction prophétique» annoncée par le Messager-prière et salut sur Lui- dans son célèbre hadith.

En considérant l’affaire sous autre angle… les révolutions actuelles sont-elles un moyen efficace pour affaiblir l’Occident qui dépossède les peuples opprimés de leurs richesses ?

Logiquement parlant, l’Occident serait le grand gagnant des soulèvements des peuples opprimés, si les nouveaux régimes rompent avec l’injustice, le pillage, le despotisme et le monopole de la décision, les relations étant alors refondées sur les intérêts véritablement communs et stables, comme sur le respect mutuel.

Nous appelons à une relation équilibrée définie en premier lieu par l’intérêt de nos peuples, d’une part, et où l’entraide et les intérêts communs équilibrés, sous le regard du peuple, titreraient la prochaine phase de notre rapport avec l’Occident qui ne sera plus un rapport dominant/dominé, pilleur/pillé.

M. Arsalan. Certains accusent Al Adl Wal Ihsane d’avoir des rapports d’entente et d’harmonie quant à ses objectifs avec Al Qaïda au Maghreb Islamique. Qu’en dites-vous ?

C’est la première fois que j’entends parler d’une telle accusation…

Mais il y a certaines voix qui disent que la Jamaa et Al Qaïda au Maghreb Islamique ont un seul objectif stratégique, celui d’éliminer ce que vous appelez dans votre littérature « despotisme »… ?

En tout cas…celui qui nous accuse ainsi ne connaît pas la Jamaa, ni Al Qaïda, ni la réalité. Ou bien il connaît, mais il essaie de masquer les réalités flagrantes.

Votre mouvement est fondé sur la notion de « qawma » qui pourrait équivaloir à celle de « révolution » dans la littérature de la pensée marxiste, et gauchiste en général. A votre avis, ce qui se passe dans le monde arabe, et particulièrement au Maroc, est cette « qawma » dont vous parlez ?

La notion de « qawma » est une notion coranique à dimensions individuelle et collective. Lorsque la dimension individuelle fondée sur la volonté réelle d’exécuter les ordres de Dieu et de Son Prophète – Prière et Salut sur lui – rencontre la dimension collective fondée sur la réunion autour du juste témoignage lorsque les autres se soumettent aux iniques, et à se lever contre l’injustice et à soutenir les opprimés, à n’importe quel prix … Nous l’appellerons alors « qawma ».

A notre avis, ces révolutions populaires contre le despotisme ne sont que les prémices d’un espace de liberté où tout porteur d’un projet peut le présenter et où le peuple est tout-à-fait libre de choisir. Notre mission, à nous, est une qawma calme dont le centre est l’Homme et où les âmes et les volontés seront émancipées pour qu’elles ne se soumettent qu’au Tout-Puissant ; pour qu’elles l’adorent par pur amour et non par contrainte, et où la dignité, la liberté et la richesse du peuple ne seront pas violées.

Quelles sont vos réclamations concernant l’identité de l’Etat ? Un Etat civil ou un Etat religieux ?

Nous ne cessons d’insister sur la civilité de l’Etat que nous réclamons. C’est pour nous le modèle idéal pour pouvoir satisfaire les réclamations du peuple et satisfaire ses intérêts, tout en affirmant qu’Etat civil ne veut pas dire Etat laïc.

Mais, M. Arsalan, votre option de l’Etat civil ne vient-elle pas contredire l’une des finalités visées par la Jamaa, celle de l’édification d’un califat islamique selon la méthode prophétique ?

Il y a là, exprès ou non, matière à confusion chez certains. Le concept d’ « Etat civil » signifie pour nous la liberté de l’action politique et de la constitution de partis, l’alternance pacifique au pouvoir, la construction de l’Etat des institutions, la séparation des pouvoirs, l’adoption des mécanismes démocratiques de gestion des affaires du pays et l’arrachement par le peuple de son droit à choisir son régime de gouvernement et celui qui le gouverne ,comme à demander des comptes à ce dernier.

Un « Etat religieux » où règne une classe de gens qui se croient des dieux ou des demi-dieux, dont les propos sont sacrés et indiscutables , qui soumettent le peuple au nom de la foi , dont tout opposant est frappé d’hérésie et pour lesquels tout différend avec ses options entraîne des mesures religieuses, légales et politiques… nous sommes tout-à-fait contre.

Nous croyons qu’il n’y a aucune contradiction entre le concept d’ « Etat civil » susmentionné et celui de « Califat » laissé à escient par le législateur assez vaste pour que soient réalisés les intérêts de la Oumma, ici-bas comme dans la vie dernière. Notre conception là-dessus se résume en une complémentarité politique, économique, sociale et culturelle entre les pays et les peuples musulmans déchiquetés par l’occupation et le despotisme. Ceci en tenant en compte les spécificités de ces pays, dans un monde où les Etats s’empressent de se constituer en unions pour pouvoir relever les défis auxquels ils se trouvent confrontés.

Le califat islamique pour vous concerne-il l’aspect politique ou bien l’aspect civil que représente la mission de transmettre le message de l’islam selon la méthode prophétique ?

Pour nous, le califat est une étape qui succède à l’émancipation des pays arabo-musulmans du despotisme et de la dépendance vis-à-vis de l’étranger. C’est un fruit de l’acquisition des peuples du droit de décider de leur devenir, au niveau politique comme aux niveaux économique, social et culturel. C’est aussi une forme d’unité et de complémentarité entre des pays ayant en commun une plateforme très solide.

Ce califat a une dimension humaine qu’illustre la garantie des moyens permettant à tout homme d’entendre la parole qui lui rappelle son Dieu, le sens de son existence sur terre et son destin éternel après la mort.

La commanderie des croyants est l’une des questions sur lesquelles la Jamaa est souvent interrogée. Quelle conception en avez-vous ? A-t-elle une légitimité religieuse considérée ou bien n’est-elle en fait qu’une dictature à face religieuse ?

La commanderie des croyants est un statut charaïque défini par les oulémas selon des compétences concises et des critères intellectuels et politiques très clairs. Aussi fut-elle l’apanage de quelques rares personnages qui ont laissé leurs empreintes sur l’histoire des musulmans.

La commanderie des croyants dans la constitution marocaine, dont celle tant médiatisée actuellement, est, quant à elle, un pouvoir au dessus de la Constitution et de tous les pouvoirs. Elle fait jouir le gouvernant d’une sacralité qui est en totale contradiction avec le fait d’assumer la responsabilité de la chose publique.

Venons-en maintenant à la mobilité politique au Maroc et au Mouvement 20 février. Certains voient que votre Jamaa attendait seulement un moyen pour se soulever contre le gouvernant. Ce Mouvement fut-il le moyen tant attendu ?

Notre position que vous appelez « soulèvement » n’est pas liée au 20 février. Il suffit de parcourir l’histoire du Maroc moderne tout au long des 40 dernières années pour en être certain… M. Abdessalam Yassine, accompagné de deux hommes seulement, a crié la vérité haut et fort au défunt Hassan II. Il en a payé le prix fort aux dépens de sa vie, de sa santé et de ses droits : des années de prison, de restrictions et d’assignation à résidence. Al Adl Wal Ihsane en a aussi payé le prix pendant plus de trente années en martyrs, en détenus et en personnes qui ont été chassées de leurs fonctions et de leurs foyers…

Notre histoire est jalonnée d’étapes de lutte contre le despotisme, différentes de par leur nature et leur spécificité. Aujourd’hui, un vent nouveau a soufflé sur notre Oumma, réveillant les somnolents. Les libres volontés, toutes tendances confondues, se sont rencontrées pour répondre au pouls de la rue et le mobiliser vers la réclamation de ses droits, après qu’il ait été convaincu que ce pouvoir ne peut changer sa nature despotique.

Quelles conceptions avez-vous de la mobilité actuelle au Maroc ? La Jamaa peut-elle la mener vers une véritable révolution populaire ?

Après celles du Tout-Puissant, l’avenir de cette mobilité n’est pas aux mains exclusives de la Jamaa, ni dans celles de n’importe quelle autre partie, aussi forte qu’elle soit en nombre comme en organisation… Aucun changement ne peut aboutir dans le pays qu’à une seule condition : que les efforts de tous les hommes intègres, quelles que soient leurs convictions, s’allient.

Vos positions vis-à-vis de la Constitution et du référendum ont différé de celles d’autres mouvements islamistes, de par votre refus. Ne voyez-vous pas que c’est là une tendance nihiliste qui opte par principe pour le refus et qui rejette toujours la responsabilité et les accusations sur les autres ?

Le nihiliste est celui qui conduit sa locomotive dans une voie sans issue pour la jeter dans le gouffre… Nous ne sommes pas des partisans du refus pour le refus. Nous refusons tout simplement d’être de faux témoins aux dépens des intérêts du peuple qui demandera des comptes à tous ceux qui ont préféré leurs propres intérêts à ceux du peuple.

Les positions de votre Jamaa et des autres courants islamistes au Maroc étant absolument différentes au sujet de la Constitution et de la nature des réformes dans le pays, quels seraient alors les points sur lesquels vous pourriez vous rencontrer ?

Les intérêts du peuple, la chute de la corruption et du despotisme en premier, est la plate-forme de base sur laquelle nous préférons que cette rencontre ait lieu, avec tous ceux qui en font leur première priorité, même s’il a des référentiels, des fondements différents des nôtres.

 

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commentaires

M
<br /> <br /> ALLIANCES ENTRE ISLAMISTES ET GAUCHISTES LAIQUES CA NOUS MENENT OU CETTE MASCARADE ???<br /> <br /> <br /> <br />
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