Le député Samir Abdelmoula, ex-maire de Tanger est monté au créneau aujourd’hui 25 mars, suite à la déclaration du ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales, M. Nizar Baraka qui a affirmé avant-hier, 23 mars à Paris, que le contrat de gestion déléguée de distribution de l'eau et de l'électricité et d'assainissement liquide avec Amendis, filiale du groupe français Veolia, "va être révisé".
Qualifiant cette décision gouvernementale de ‘’tardive’’, Samir Abdelmoula a accusé Amendis de facturation fictive, et a prétendu avoir été mis sous pression par le ministère de l’Intérieur et l’ambassadeur du Maroc à Paris.
Selon ses déclarations à Lakome.fr, Amendis aurait présenté des factures de 70 millions de dirhams en frais d’éclairage et arrosage publiques. Après vérification, il se serait avéré que la majorité des poteaux d’éclairage et des espaces verts évoqués n’existaient pas.
L’ex-maire ayant refusé de payer, le ministère de l’Intérieur, en la personne de Mohamed El Kezzar, lui aurait mis la pression pour l’obliger à payer la filiale du groupe français. Le ministère de l’Intérieur lui aurait promis, en échange, de calmer l’opposition dans le Conseil de la ville pour valider le budget 2010 !!!
Le ministre de l’Intérieur Tayeb Cherkaoui, et le directeur général des collectivités locales au minisitère Allal Sekrouhi, étaient eux aussi au courant, affirme Abdelmoula qui leur aurait adressé plusieurs courriers sans que ses doléances soient prises au sérieux.
Samir Abdelmoula met en cause aussi Mustapha Essahel, ambassadeur du Maroc à Paris, et ancien patron de la SOMED (filiale de la SNI ancien actionnaire d’Amendis avec le groupe ONA) qui serait intervenu à son tour auprès du ministère des Affaires étrangères pour l’obliger à payer les factures, arguant que sa position nuisait aux relations franco-marocaines, et que le gouvernement français pourrait changer de position sur la question du Sahara !!!
Abdelmoula n’a pas tort. La décision de réviser le contrat avec Amendis est tardive sans aucun doute. Mais les déclarations du député ex-maire ne l’en sont pas moins.
Pourquoi parler aujourd’hui ? Pour régler des comptes, ou pour soulager sa conscience ? Ou alors pour mieux surfer sur la vague du mouvement du 20 février ? Ou tout cela à la fois ?
Une chose est sûre, Samir Abdelmoula ne peut se refaire une ‘’virginité politique’’ par de telles déclarations, aussi explosives soient-elles.
L’arrivisme et l’opportunisme de l'ex-maire ne font aucun doute, tant par le passé que dans l’actualité. Il n’y a qu’à voir sa ‘’carrière’’ politique : parachuté sur la scène tangéroise, il joue la carte gagnante du PAM, et réussit en un tour de bras à devenir maire de Tanger à se faire élire grâce aux voix des grands électeurs des communes à la Chambre des conseillers en octobre 2009, et à récupérer son siège après l’annulation du scrutin par le Tribunal administratif, lors des partielles du 31 août 2010.
Tout le monde sait comment on gagne ces élections au Maroc !
Durant le peu de temps qu’il a passé à la tête de la mairie, il aura surtout brillé par son absence… Seuls des promoteurs et investisseurs privilégiés, dit-on, pouvaient lui mettre la main dessus, généralement chez lui, pour obtenir sa griffe sur leurs dossiers…
La carte d’Amendis est la seule que le jeune Abdelmoula pouvait jouer, ayant de surcroît l’aval du tout puissant Fouad Ali Al Himma qui allait à son tour s’en prendre au délégataire français, lors d’une déclaration faisant suite à la démission de l’ex-maire. C’était à l’occasion de la signature de la fameuse charte de bonne gouvernance qui allait hisser Fouad El Omari à la place de Abdelmoula.
Samir Abdelmoula multiplie ses sorties médiatiques dernièrement : démission du PAM, flirt avec le PJD, avec le mouvement du 20 F…Le 20 mars, il vient faire quelques pas au milieu des manifestants et faire distribuer des petites bouteilles d’eau minérale…
Maintenant il cherche à travers sa page facebook à mobiliser les citoyens, tantôt pour le retour à une régie municipale de distribution d’eau et d’électricité, tantôt pour la création d’une association pour dénoncer les abus d’Amendis sous le slogan : Amendis dégage !
Le ‘’syndrome du 20 F’’ semble avoir aiguisé les ambitions du sieur Samir Abdelmoula, plus opportuniste que jamais, qui cherche un maximum de ‘’visibilité’’ par les temps qui courent.
Mais tant qu'il n'aura pas fait son "mea culpa" et reconnu les ''magouilles'' dans lesquelles il a trempé pour réussir son ascension, il continuera à donner des coups d'épée dans l'eau car les gens ne sont ni dupes ni amnésiques.
Ph: Samir Abdelmoula et Fouad Ali Al Himma