Manifestations du 5 juin: un message inéquivoque pour le régime marocain.

                    Des dizaines de milliers ont manifesté dimanche 5 juin à Tanger

Les nouvelles en provenance des différentes villes marocaines où des appels à manifester ce dimanche 5 juin ont été lancés indiquent que les autorités ne sont pas intervenues pour disperser les manifestations en question, malgré l’interdiction signifiée par écrit dans certains cas.

Tout porte à croire que de nouvelles consignes ont été données, suite au décès d’un jeune militant du mouvement du 20 février il y a quelques jours, dû aux graves blessures résultant de coups reçus de la part des éléments anti-émeute lors de la manifestation du 29 mai dernier.

Les autorités marocaines semblent vouloir éviter l’utilisation de la manière forte après cette bavure, appréhendant les graves conséquences qui pourraient résulter d’une confrontation en pareilles circonstances.

Ainsi, que ce soit à Rabat ou à Casablanca, Meknès ou Marrakech, Safi ou Tanger, des dizaines de milliers de citoyens ont manifesté pacifiquement. Ils se sont indignés, ont revendiqué et  exprimé leur colère d’une manière civilisée, organisée et responsable.

Ils ont donné encore une fois une leçon de générosité, de sagesse et de maturité, lorsqu’ils ne se sont pas laissés aveugler par la haine et la rancune contre ceux qui, il y a à peine quelques jours, les tabassaient sans aucune pitié.

Une fois de plus, l’argument sécuritaire invoqué par les autorités les 22 et 29 mai pour justifier leurs brutales interventions allait s’avérer très fragile, voire insoutenable devant les faits qui démontrent le caractère pacifique des protestations du mouvement du 20 F et des coordinations qui le soutiennent.

Etait-il nécessaire qu’il y ait mort d’homme pour s’en rendre compte ? Fallait-il vraiment en arriver au point de mettre des villes en état de siège, provoquer des affrontements avec des jeunes incontrôlés et jouer avec le feu ?

Depuis le début de ce mouvement, on a assisté à cette politique mitigée : tantôt on interdit, tantôt on permet…D’abord pour la vitrine … Ensuite pour tâter le pouls de la rue … Dans tous les cas, la détermination du mouvement et la légitimité de ses aspirations ont été on ne peut plus claires…

La mort du jeune Kamal Ammari à Safi, victime de la brutalité gratuite et absurde est un avertissement que le pouvoir au Maroc semble avoir pris au sérieux. Mais pour combien de temps ?